Ainsi est née Marie

Ainsi est née Marie

La Nativité de la Vierge, vers 1410, Strasbourg Musée de l'Œuvre Notre-Dame« Elle naît à petit bruit, sans que le monde en parle et sans qu’Israël même y pense, bien qu’elle soit la fleur d’Israël et la plus éminente de la terre ; mais, si la terre n’y pense pas, le ciel la regarde et la vénère comme celle que Dieu a fait naître pour un si grand sujet et pour rendre un si grand service à sa propre personne, c’est-à-dire pour le revêtir un jour d’une nouvelle nature. » Pierre de Bérulle, Vie de Jésus

L’Église fête aujourd’hui la nativité de la Vierge Marie.  Nous célébrons la naissance de celle qui est vraiment la Mère de Jésus-Christ, le Fils de Dieu devenu homme en son sein – et spirituellement notre Mère.

« La sainte Église ne se trompe pas quand elle considère ce jour comme saint et le célèbre chaque année à la joie de toute la terre. » Saint Bernard

Anne trinitaireLes artistes ont aimé représenter trois générations ensemble : les « Anne trinitaires », le plus souvent des statues de sainte Anne, qui, selon la tradition, était la mère de Marie, portant celle-ci sur ses genoux, alors que Marie porte à son tour l’Enfant Jésus sur ses genoux, ou bien Jésus et Marie en compagnie de sainte Anne, qui les porte parfois tous les deux dans ses bras.

Mais, avec plus d’imagination encore, et s’appuyant sur les écrits apocryphes, c’est-à-dire ceux que l’Église catholique n’a pas reconnus comme inspirés par l’Esprit Saint et hors de ses écrits canoniques, les artistes ont présenté la parenté de Jésus.

Nous aimons bien avoir chez nous la photo de notre famille. Ainsi comprenons-nous cet empressement, non seulement des artistes, mais du peuple chrétien lui-même, à se représenter la famille humaine de Jésus, pour laquelle nous éprouvons une grande vénération : saint Joseph et la sainte Vierge, bien entendu, saint Joachim et sainte Anne, sainte Élisabeth, cousine de Marie, saint Jean-Baptiste, l’apôtre saint Jacques le Mineur…

C’est en Orient qu’on trouve l’origine de la fête de la Nativité de la sainte Vierge. L’Église de Jérusalem fut la première à honorer le souvenir de la Nativité de Notre-Dame qu’elle célébrait dans une basilique sur l’emplacement de la maison où, suivant la tradition, est née la Vierge Marie.

A Rome, il faudra attendre le pape Serge I (687-701) pour trouver  trace de la célébration de la Nativité de Marie : le pape, en sandales, faisait procession de la basilique Saint-Adrien à celle de Sainte-Marie-Majeure.

Le pape Benoît XIV (1740-1758), dans l’Histoire des Mystères et des Fêtes, raconte que chaque année, au 8 septembre, un solitaire entendait des chants célestes ; quand il en demanda la cause à Dieu, il lui fut répondu que c’était en l’honneur de la naissance de la Vierge Marie qui se célébrait au Ciel et qu’il en était averti car Marie étant née pour les hommes, il devrait faire en sorte que cette fête fût aussi célébrée sur terre. Le solitaire se rendit auprès du pape qui, au récit de la vision, institua la fête de la Nativité de la sainte Vierge.

En France, la fête la Nativité de Marie porta longtemps le titre de Notre-Dame Angevine, rappelant que la Vierge Marie, apparut, en 430, près de Saint-Florent, à saint Maurille, évêque d’Angers pour lui demander l’institution de la fête de sa Nativité.

Fulbert, évêque de Chartres (+1028) contribua beaucoup à introduire la fête de la Nativité de la Vierge Marie dans le nord de la France ; la nuit même de cette fête, sa cathédrale ayant été détruite par un incendie, il jeta les fondement de celle que nous connaissons aujourd’hui, dédiée à la Nativité de Notre-Dame.

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Prière

O Marie,
Vierge heureuse et bénie,
permettez-moi de m’approcher de votre berceau,
et de joindre mes louanges
à celles que vous rendent les anges
qui vous entourent, heureux d’être les témoins
des merveilles de votre naissance.

Agenouillé devant vous,
je vous fais l’offrande de mon coeur ;
Reine du ciel et de la terre,
recevez-moi et gardez-moi.

Je vous salue, Marie,
O fruit de pureté !
La terre s’étonne d’avoir pu vous produire.
O Marie, pleine de grâces,
vous relevez l’espoir des enfants d’Eve chassé du paradis
et vous ranimez leur confiance.
Au jour de votre entrée dans le monde,
nous avons relevés nos fronts abattus :
votre naissance annonce celle du Rédempteur,
comme l’aurore annonce la venue du jour.

Je vous salue, Marie,
O étoile de Jacob !
Le soleil de justice va se lever, le jour de la grâce va luire,
et c’est vous qui avez hâté sa venue.
Vos désirs, plus ardents que ceux des patriarches et des prophètes,
attirent le véritable Emmanuel dans votre sein,
et c’est à vous qu’il appartiendra de nous donner le Verbe fait chair.

Que vos saintes mains, O Marie,
répandent dans mon cœur avec profusion
l’humilité, l’innocence, la simplicité,
la douceur et la charité :

que ces vertus de votre cœur saisissent le mien
pour que j’appartienne avec vous au Christ,
mon Seigneur,
et qu’en lui je sache offrir le bien que je fais
et le mal que je souffre
pour la plus grande gloire de Dieu
qui est le salut des pécheurs.